Historique : la Bretonne Pie Noir, une race ancienne

La race Bretonne Pie-Noir est un race très ancienne, dont l’origine remonte au XIXème siècle. En 1862, on compte 900 000 Bretonnes Pie Noir dans tout le Pays ! Découvrez son histoire …

Résumé : son histoire en quelques dates clés ici

Ses origines lointaines l’apparenteraient aux races anglaises du Kerry, du Devon, d’Ayr, de Jersey et de Guernesey.

Les origines lointaines de la race BPN sont en fait inconnues. Tous les auteurs du siècle dernier s’accordent pour la qualifier d’autochtone. « Elle a été créée par le sol et pour le sol où elle vit » (Borie, 1863). « Elle est la race bovine française qui a le mieux conservé ses caractères originels » (Magne, 1857). Des travaux plus récents rappellent plutôt une parenté avec le groupe des races de l’est (Vosgienne, Tarine, Montbéliarde…). Cette proximité serait conforme à des travaux confirmant que l’introduction de bovins à courtes cornes s’est faite par le sud-est en provenance d’Asie mineure et de Mésopotamie (Grosclaude, 1990).

Peu à peu la population bovine bretonne originelle se différencie…

Au siècle dernier, divers auteurs se querellent sur le fait de savoir si la population bretonne est constituée d’une seule ou de plusieurs races distinctes. Quoi qu’il en soit, ils s’accordent sur l’hétérogénéité de couleur, de format et d’aptitudes. La plupart d’entre eux, sous des vocables divers, reconnaissent au moins deux types :

  • la « Morbihannaise », ou « race de Cornouailles », ou « race bretonne pie de la lande » : la robe est communément pie-noir ;
  • la « Léonarde », ou « Léonaise », ou « Bretonne du Nord-Finistère et des Côtes-du-Nord ». La taille, les formes, et la robe semblent avoir été toujours plus variables que dans le rameau précédent, même antérieurement au croisement avec la race Durham. La robe est pie-rouge ou rouge ou froment.

Certains ajoutent un 3ème type : « Froment du Léon » ou « Froment de Tréguier ».

… sous l’influence du croisement et du métissage qui ont un impact très différent selon les régions

Les premières tentatives sérieuses d’amélioration de la productivité bovine en Bretagne semblent remonter au XVIIIème siècle. On reproche à la race bretonne sa trop petite taille et déjà des Sociétés d’Agriculture recommandent une amélioration de l’alimentation et la pratique des croisements. Les premiers Durham apparaissent en France vers 1830, en Bretagne vers 1840.
Mais ce ne sont pas les seuls croisements pratiqués. Au début du XXème siècle, de Lapparent déclare que la population bovine du nord de la Bretagne est un amalgame désordonné de races diverses (mancelle, normande, ayr, durham, jersiaise) greffées sur la souche bretonne.
De vives critiques s’élèvent. Bellamy : « Après un si grand nombre d’essais qui ont tous abouti à l’abâtardissement et à la dégénérescence de la race bretonne, persisteront-ils dans leur fausse entreprise ?
Les croisements diminuent au début du XXème siècle.
On estime que l’impact des croisements a été négligeable dans le Morbihan et le Sud-Finistère. En revanche, les croisements avec la race Durham ont puissamment contribué à la constitution de la race « Armoricaine » dans le Nord-Finistère et les Côtes-du-Nord.

Grosso modo, ces éleveurs consacrent un tiers de leur temps aux travaux de la ferme, un tiers à la transformation, et un tiers à la commercialisation. Il s’agit donc bien d’un métier particulier qui réclame une triple palette de compétences.

… sous l’influence des concours et des foires

L’administration de Napoléon III, soucieuse de stimuler l’élevage en France, crée à partir de 1852 de nombreux concours, qui ont un impact important sur la population paysanne.
En Bretagne, la « bretonne » y est toujours la race la mieux représentée .
Depuis la création du herd-book en 1886, la « bretonne » est devenue « pie-noir » exclusivement. Une autre section est ouverte pour les animaux « pie-rouge » ou « froment ».
C’est incontestablement « la belle époque » pour la race, considérée alors comme l’une des grandes races françaises. L’effectif dépasse 500 000 têtes. 60 BPN sont exposées au Concours Général Agricole de Paris en 1886. De 1850 à 1914, tous les ans, 15 000 à 20 000 têtes sont « exportées » hors de Bretagne ; ce mouvement s’accentue entre les deux guerres, pour atteindre 25 000 à 30 000 têtes en 1924.

… pour donner naissance à 3 races bien différenciées au début du XXème siècle

  • La race bretonne pie-noir. La livrée pie-noir va se généraliser dans le Sud-Finistère et le Morbihan en éliminant les pie-rouge et les gris étourneau, sous l’influence conjuguée des Sociétés d’Agriculture qui organisent les concours, des éleveurs qui se détournent des produits de croisement plus exigeants et très hétérogènes, ainsi que des marchands, notamment étrangers. La robe pie-noir et le format réduit deviennent les caractères distinctifs essentiels, la « marque de fabrique » de la race ;
  • La race Armoricaine
  • La race Froment du Léon

 En 1900, la Bretonne est la première race Française  avec 700 000 têtes recensées.

En réaction aux croisements désordonnés (voir historique), une Société des Eleveurs est créée à Vannes en 1884 . Elle établit un standard de race dans lequel la livrée Pie Noir est considérée comme caractéristique de la race « afin de l’éloigner des croisements qui menacent le bétail breton ». La race prend alors le nom de Bretonne Pie Noir.

Un Livre Généalogique (« Herd Book ») est ouvert en 1885. Le premier conflit mondial met un terme à son activité.

Du déclin au lancement du plan de sauvegarde

 

Une nouvelle Société des Éleveurs est créée en 1919. Issue des anciennes sociétés d’élevage de Quimper, Quimperlé, Lorient, Vannes, … c’est un syndicat d’élevage qui a pour but « l’amélioration, la propagation et la défense de la dite race ». On observe alors une reprise dans l’entre deux guerres et jusqu’aux années cinquante. Puis la modernisation de l’Agriculture, la nécessité d’une agriculture moderne et productive avec la concurrence de races telles que la Normande puis la Frisonne, tout cela entraîne son déclin, qui se précipite à partir de 1960. La Société des Eleveurs ne fonctionne plus à partir de 1972.

A un colloque de la Société d’Ethnozootechnie, en 1974 à Paris, plusieurs participants s’interrogent sur les conséquences, en termes de réduction de la variabilité génétique, de la disparition prévue à court terme de plusieurs races animales domestiques.

Pierre QUEMERE, jeune professeur de zootechnie à l’Institut Supérieur d’Agriculture de Beauvais (ISAB), et fils d’éleveur de vaches Bretonnes Pie Noir , « tire alors la sonnette d’alarme ». Il lance tout d’abord une enquête de terrain, sorte d’état des lieux, avec une équipe d’étudiants de l’ISAB : 10 000 km sont parcourus, 230 éleveurs de vaches BPN questionnés, d’innombrables inséminateurs et responsables agricoles rencontrés.

Un constat s’impose : la race bretonne pie noir se meurt ; son extinction est annoncée vers 1980. Pierre QUEMERE conçoit alors un plan de sauvegarde, en s’entourant des collaborations notamment de Jean-Jacques COLLEAU de l’INRA, et Tomasz KRYCHOWSKI de l’Union Nationale des Livres Généalogiques.

La Société des Eleveurs est réactivée en 1975 et adopte le plan de sauvegarde l’année suivante, en 1976. 46 éleveurs acceptent de signer un « contrat de sauvegarde » dans lequel ils s’engagent à garder et renouveler leurs vaches BPN (311 au total), moyennant quelques aides financières spécifiques.

Le système s’appuie sur un plan d’accouplement raisonné, afin de minimiser l’accroissement de la consanguinité. Ainsi s’est mis en place le premier programme de sauvegarde d’une race bovine en France.

 

Pour en savoir plus

Consultez la page Becedia consacrée à l’histoire de la race

Quelques archives

Autre archive

tour-de-franceLE TOUR DE LA FRANCE PAR DEUX ENFANTS

voir paragraphe XIV

– La vache. – Le lait. – La poignée de sel. – Nécessité d’une bonne nourriture pour les animaux.